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Madame Évrard, vous pouvez éteindre vos précieuses mirettes bleues : je ne vous offenserai point. Quelle que soit ma soif, je ne mordrai pas à cette pomme.

Et maintenant j’ai quelques petites dispositions à prendre.

J’étais déjà décidé à ne point me marier. Je me donnais une raison, une seule : ma pauvreté. Et dame ! si j’avais gagné un gros lot…

À l’heure actuelle je pourrais me donner d’autres raisons, graves et nombreuses. Je ne le ferai pas : les raisons sont des fortins entre lesquels la folie peut creuser une tranchée tortueuse. Plus de raisons ! J’élève simplement le mur abrupt et lisse de ma volonté.

Je ne me marierai pas. Je ne me marierai jamais. J’en fais un fier serment.

30 juin. — J’avais l’espoir d’être chéri des dames, redouté des petits enfants, honoré des vieillards et des sages. Hélas ! je suis dans la déconsidération.

Un mauvais vent a soufflé. D’où est-il venu, ce vent du diable ?

Je vois très bien le camarade Mitron gonfler ses joues. Mitron était un garçon cossu et de bonnes manières ; il était très répandu dans la « société » de Lurgé. Il n’aura pas été fâché de souligner sa supériorité sur son successeur, sur son repoussoir.