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Elle ne ressemble pas à son mari : pour rien au monde elle n’avouerait sa gêne.

— Eh bien, monsieur, êtes-vous tout à fait accoutumé à Lurgé ?

Nous avons déjà examiné cette question avant-hier. Mais aujourd’hui elle semble y prendre un grand intérêt.

— Vous êtes jeune, monsieur ; quand on est jeune, on aime s’amuser.

Je ne peux pourtant pas faire la bamboche à Lurgé où il n’est point de moutard qui ne sache mon nom, ma naissance, et où l’on ne compte que mille âmes, si l’on peut ainsi parler.

Elle comprend cela ; aussi elle me plaint. Elle est gentille tout à fait. Elle frétille à côté de moi. Quand ses yeux viennent sur les miens, j’ai l’impression que son regard appuie.

Dans ma cervelle, une idée naît, grandit, trottine, bouscule d’autres idées, puis, délibérément, montre son nez. Horreur !

Après tout, pourquoi pas ? Elle est appétissante, cette jeune femme. Si nous marchions moins vite et si ce sale paquet ne m’arrachait pas l’épaule, je serais sans doute aussi ému que devant les jolies poupées de deuxième classe.

Allons-y ! Je pousse une pointe terriblement hardie. Le sang lui monte aux oreilles, mais elle ne bronche pas. A-t-elle bien entendu ? Je n’ose pas récidiver…