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feuilles divines et s’ajuste à mes lèvres le chalumeau sonore aux sept trous inégaux.

Mais que vois-je ? Qui donc passe entre les tamaris ? Ne vous agitez pas, mes sœurs craintives : je saurais rafraîchir l’ardeur d’un chèvre-pied. Ne vous agitez pas : ce sont des hommes. Ils chantent ; leur voix est plus acre que le jus des baies sauvages. Ce ne sont pas des sages ; le sage boit beaucoup sans connaître l’ivresse. Ce sont des Scythes, des esclaves tondeurs de bêtes. Je remarque qu’ils marchent dangereusement. Ce sont des Nietz… dis-le, toi, Mitronéas, le nom du chercheur barbare. Mitron se lève et regarde, puis, dédaigneux :

— Peuh ! deux gosses ! Ils ne sont même pas ivres ; ils font semblant. Un pastiche…

— Postiche ! pistache postiche ! rectifie Mme Thérèse.


8 juin, — Ce matin, avant l’aube, j’entendis à ma porte un toc-toc timide, le toc-toc d’un quémandeur de services.

Un dimanche, trois heures après minuit, je ne me lèverais pas pour voir tomber une comète.

Je fis donc l’absent, persuadé que l’importun allait se décourager. Il me fallut perdre cet espoir. Le toc-toc s’affirma tenace et, à en juger par le rythme, guilleret.

— Qui est là ? criai-je à la fin.