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de bordeaux. J’ai souvent causé avec lui ; je saurai louer.

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Nous sortons. Il est tard ; la lune est levée ; la nuit est toute tranquille et blanche. Nous nous asseyons sous des tilleuls.

Nous avons mangé modérément des mets simples et bu du vin de Touraine. Il est doux de vivre. Comme les choses sont belles ! La lumière goutte entre les feuilles rondes. De minces rayons dorment sur un banc inoccupé. D’autres viennent sur nous. J’ai, paraît-il, une petite lune sur mon chapeau ; j’ôte le chapeau ; le rayon s’aiguise sournoisement sur une branche et, peu à peu, m’entre dans le crâne. Voici que s’agite en moi tout un bric-à-brac de sensations dépareillées. Je déraisonne.

— Nous sommes Grecs, mesdames ! nous le sommes évidemment. Nous serons toujours jeunes ; nous ne mourrons point. Qui vous dit que nous ne sommes pas des dieux ? Nous sommes nus, d’ailleurs… Voyez-vous pas que nos genoux sont nus ?

Mme Thérèse, sur le seuil, un plat à la main :

— Eh bien ! qu’est-ce que vous leur chantez, vous ?

— Les Muses, ô Theresæ Mnémosyme, émanent de ton front. Nous sommes des héros. Entends, ma sœur, frémir sur nous des ailes blanches et danser les sylvains sous les oliviers bleus. Éole émeut les