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Il eut ensuite un certain… Passons ! Passons !… Il y a maintenant un Maximin Tournemine, instituteur aux Pernières, commune de Lurgé (France). Je suis marié ; ma femme est institutrice ; elle a trente-cinq ans comme moi. C’est une bonne femme ; elle m’aime bien. Moi aussi, je l’aime bien. Je ne lui ai pas demandé si elle avait un passé. Je ne veux rien lui dire du mien. À quoi bon !

Tout à l’heure, en relisant les vers d’Évrard :

Amour, amour ancien…

je crois bien que mes yeux se sont mouillés.

Mais je suis rarement aussi ému. Il a fallu pour que j’éprouvasse le désir de toucher ces chères reliques, il a fallu cet enterrement d’un de mes élèves dans le cimetière de Lurgé et la vision soudaine, inattendue de cette pierre blanche où reluit l’inscription cruelle : « Ici repose… »

Il y a longtemps que je n’avais ressenti pareille secousse. Il y a trente mois que je n’avais pas eu de crise. L’avant-dernière fois ce fut à Bordeaux en rencontrant Thérèse Forestier. Elle était là-bas sous le fallacieux prétexte d’étudier pour être sage-femme ; en réalité elle noçait avec des carabins. Elle me reconnut, m’emmena chez elle… et je ne sus que pleurer.

Cela ne m’empêcha point de me marier six mois après…

Il m’est facile de vivre, plus facile que je ne