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Il y a six jours que cela dure…

Nous sommes mercredi… non, jeudi. Je n’ai pas de classe à faire aujourd’hui.

J’ai une faim de bête. Quand donc ai-je mangé ?

3 avril. — Je le savais bien.

Dès que j’ai vu Maurice dans ma classe, j’ai reçu le choc. Il a cru que j’étais prévenu. Il m’a dit :

— Tu sais… n’est-ce pas ?… Cette nuit, vers deux heures…

J’ai eu une espèce de hoquet terrible et je me suis mis à trembler. Alors, compatissant, les larmes aux yeux, il m’a pris par les épaules, étroitement, comme autrefois au temps de notre adolescence.

— Mon pauvre vieux… mon pauvre vieux copain.

Pour l’étreinte chaude et pitoyable, j’ai dit :

— Merci !

Et puis, une nausée, un flot de bile dans la gorge… Mes lèvres se sont retroussées, comme pour un blasphème.

— Tu diras au patron que j’ai la gueule de bois… et qu’il me fiche la paix !

Je suis venu me terrer chez moi.

Elle est morte… Josette est morte… À cause de l’autre… Elle a des remords, l’autre… elle semble avoir des remords… Qu’elle souffre ! qu’elle pleure ! qu’elle meure !