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femme en pleurs, affaissée dans une attitude suppliante. J’ai eu peine à reconnaître Mme Olivet. Elle murmurait :

— Pardon… pardon…

J’ai levé la main ; croyant à une menace, elle s’est avancée, s’offrant aux coups.

Je me suis entendu ricaner :

— N’aie pas peur, carne !… je ne me salirai pas les doigts à ta vieille peau… C’est pour jurer que j’ai tendu le bras… Entends-tu ces cris là-haut ? Je ne te pardonnerai jamais !… jamais !

1er avril — Je ne la verrai plus. Elle va mourir… Il ne me restera rien d’elle que ses cheveux. Ils sont là dans ce coffret que je n’ai pas encore ouvert. Pourrai-je jamais l’ouvrir… Oserai-je voir et toucher ces cheveux d’une morte aimée ?

Si, pourtant, elle guérissait ! Il n’y a plus d’espoir… est-ce qu’on sait ? Ce médecin n’est pas le Bon Dieu… Si je croyais, je le prierais, le Bon Dieu… mais je ne crois à rien, à rien… je n’ai jamais cru qu’à elle.

Dire qu’on ne peut rien faire !

Cet âne de médecin vient de passer justement en automobile, à toute vitesse ; il apporte peut-être la guérison… un remède nouveau qui vient d’être signalé dans la revue médicale qu’il reçoit…

Ah ! misère ! Il y a bien du danger !