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qui est venue m’ouvrir. Elle a eu un brusque recul. J’ai vu qu’elle était couperosée, défaite, vieillie. J’ai dit d’une voix basse et brutale :

— Où est-elle ?

Elle a balbutié en montrant l’escalier.

— Là-haut… la première porte… je vais vous conduire.

— Vous !

Du regard et du geste je l’ai clouée sur place et je suis monté. Mme Bérion était là. Je me suis approché de la malade. Elle était dans un moment d’accalmie et elle m’a reconnu.

Je n’ai pas pleuré. Elle a pris mes mains et m’a attiré près d’elle.

— Je suis heureuse… je ne mourrai pas… je me sens mieux… On a coupé mes cheveux, à cause de la glace… Ils sont là, dans ce coffret, avec tes lettres ; prends-les… Ils sont beaux et lourds… tu verras… Quand je serai guérie, écoute…

Elle a voulu nouer ses mains à mon cou et se redresser un peu, mais elle est retombée avec un grand cri, les doigts crispés sur le front, les yeux soudain remplis d’une atroce épouvante.

Mme Bérion est accourue.

— C’est une nouvelle crise… C’est affreux ! elle ne reconnaît personne. Partez, mon pauvre ami.

J’ai pris le coffret et je me suis sauvé en trébuchant.

Au pied de l’escalier je me suis heurté à une