Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Souffrir ! Comment peux-tu parler ainsi ?

Veux-tu que je chante ?… Tiens, ce que tu me chantais un soir :

Si tu veux faisons un rêve…

Souffrir ! Comment souffrirais-je si près de toi, la tête sur ta poitrine ? Toc ! toc !… j’écoute ton cœur vibrer… Il chuchote à mon oreille mieux que ne le pourraient faire tes lèvres. Je t’aime ! Prends mes cheveux… Ton bras mince et dur, qu’il me serre ! qu’il me blesse !… Ah ! je suis heureuse… Nous aurions pu mourir, mourir avant… N’y songeons plus.

Le jour s’éteignait tout à fait. J’étais inquiet. J’ai dit :

— Qu’allons-nous faire ?

— Commande !

— Tu ne peux pas retourner là-bas.

— Pourquoi ? Je ne crains personne maintenant.

— Mais je ne veux pas, moi, que l’on te fasse souffrir encore. Et cependant nous ne pouvons pas partir… Ah ! si j’avais une nomination pour Tunis !… Ce soir, je te conseille d’aller chez ta cousine ; je vais t’y conduire… Et puis demain, nous aviserons.

— Soit ! je suis ta servante… Prends mes cheveux, tous mes cheveux, avant que je les noue… Te plairait-il de les garder à tes doigts ? Si tu veux, je les couperai.

— Petite folle !… Allons, viens !