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rameaux luisaient, les bourgeons se gonflaient, se fendaient, montraient, sous leur peau trop tendue la pulpe verte, la chair délicate et neuve. Une tendresse immense ondulait ; le monde entier était en travail d’amour. Nous nous tenions les mains et nous nous regardions, palpitants, éperdus, en proie à une merveilleuse inquiétude.

Ah ! comme ils étaient loin nos soucis habituels. Comme tout nous paraissait mesquin, hors notre amour !

Malheureusement, une pluie soudaine nous tira de l’extase. Nous dûmes nous réfugier sous un gros chêne rouge qui avait encore sa rude tignasse d’incendie. Josette s’attrista.

— Bah ! fis-je, ne sommes-nous pas bien ici ? Nul ne nous entendra que ce vieil arbre et c’est discret les vieux arbres ! Celui-ci ne dira notre amour qu’aux oiseaux et aux papillons qui en ont bien entendu d’autres !

— Vous êtes un enjôleur ; je ne vous écoute plus.

— Vous m’écouterez par force ; la pluie nous assiège et vous ne sauriez fuir.

— Mais, que faites-vous ?

— Je me mets à l’abri sous vos cheveux… qu’avez-vous à rire ? Hé ! Hé ! vous me repoussez mais je tiens votre main et je suis le plus fort… Et votre menotte est prise comme un petit oiseau aux plumes tièdes et soyeuses.