Que diable peut-elle chercher par ici ! Ah ! je me souviens… Elle a une marraine en cette ville ; c’est elle-même qui me l’a conté jadis… Une marraine âgée, avare, sans héritiers.
Tout de même, comment se fait-il que je ne l’aie pas aperçue ce matin à la gare ? C’est sans doute que je suis arrivé le dernier, juste à l’heure du train.
La mauvaise et jolie petite pièce ! Elle va tout doucement ; elle s’arrête, tourne la tête. Pourvu qu’elle ne me voie pas dans cette gargotte ! elle serait trop contente !
Cric !… cric !… des souliers bruyants sur le trottoir… souliers vernis, courtes et grosses jambes…
M. Godard ! M. Godard ! Il traverse la chaussée, met le cap sur la petite dame et ils s’en vont tous les deux vers la ville.
Ah, voilà ! Ah, voilà !
Combien en a-t-il ? C’est un rude vieux gaillard.
18 mars. — Tous les matins en ce moment j’ai une lettre de mon amie : et tous les matins mon inquiétude s’accroît.
Josette est malheureuse : je le lis entre toutes les lignes. Ne s’attriste-t-elle pas de n’avoir vingt et un ans qu’au mois de mai !… Elle est à bout de résistance et nous ne pourrons nous marier qu’au commencement de l’été. Je crains qu’elle ne tombe malade ou qu’elle ne soit poussée à un éclat.