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Je suis allé consulter Me Mérier, un avocat retors que je connais, ce qui n’est rien, mais qui me connaît aussi, ce qui est beaucoup. Il me connaît parce que son fils a été mon meilleur camarade au peloton des dispensés.

Me Mérier m’a reçu fort gracieusement ; surtout, il m’a tranquillisé. Certes, je suis condamnable, mais, en cas de poursuites, rien ne prouve que je doive être forcément condamné ; il m’a cité dix exemples…

— Croyez-en mon expérience, jeune homme, m’a-t-il dit, rien n’est moins sûr qu’un procès. Si vous étiez audacieux ou simplement joueur, vous pourriez attaquer, vous plaindre au parquet d’avoir été insulté, vous, fonctionnaire public, dans l’exercice de vos fonctions.

— Mais je n’ai peut-être pas été insulté…

— Savez-vous ce que c’est qu’une insulte ? Nous, dans la basoche, nous ne le savons pas encore. Il ne m’a cependant pas encouragé à tenter cette aventure.

— Attendez, m’a-t-il dit ; voyez venir et dormez sur vos deux oreilles. On ne vous inquiétera probablement pas. D’ailleurs, en mettant les choses au pis, la condamnation serait insignifiante.

Je suis allé ensuite aux bureaux de l’Inspection académique ; mais le Grand Chef était absent. Je l’ai bien regretté ; j’aurais voulu lui expliquer nettement et franchement mon cas.