Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout petits. Ils se sont tenus cois une minute puis ils ont recommencé le tapage. Me retournant brusquement, j’ai surpris l’un d’eux, le grand Dieudonné, un crétin tout à fait remarquable, en train d’imiter mes gestes. Je l’ai giflé. C’est une faute que je commets très rarement ; mais enfin, celui-là je l’ai giflé, je ne peux pas le nier.

Or, quelques minutes avant la rentrée du soir, le père Dieudonné est accouru furibond. Il a traversé la cour en quatre enjambées et s’est précipité chez le Directeur. Puis ces deux messieurs sont venus dans ma classe et ils m’ont fait citer à leur tribunal, comme cela, sans plus de façons.

Le père Dieudonné était rouge, le père Michaud était blanc ; tous les gamins, instruits de l’affaire, étaient accourus se masser devant la porte.

Voyant cela, j’ai été brusque ; et, le premier :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

M. Michaud a commencé d’une voix prudente et doucereuse :

— Monsieur Tournemine, voici un père de famille qui vient se plaindre… Que se passe-t-il ?

— Un mot, d’abord… Pourquoi ce père de famille va-t-il vous trouver, vous, et non pas moi ? Pourquoi me faites-vous appeler ainsi devant tous les élèves ? À quoi rime cette mise en scène ?

— Mais… mais… nous discuterons cela ensemble… une autre fois… une autre fois… Voici M. Dieudonné… Il prétend que vous avez frappé son fils.