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phrase que je relisais avant-hier dans la malchanceuse protestation d’Évrard :

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »

Je défie bien que l’on trouve une idée nouvelle qui ne dérange pas, si peu que ce soit, l’ordre public. Et il en va de même pour les idées anciennes n’ayant plus cours.

En notre temps de pensée soi-disant libre et de désagrégation des dogmes, on ne saurait se parer d’une plume étrangère sans que toute la volière se mette à piauler et à jacasser de fureur.

L’instituteur X… l’a appris à ses dépens. Son cas est typique. Révoqué, jeté hors du premier cercle, il ne va pas tarder, s’il continue sa propagande, à être, dans le second, houspillé et plumé ; finalement on lui fera sauter la dernière corde ; c’est-à-dire qu’on le mettra en prison ou à l’hospice. On lui apprendra à commenter, dans des conférences, des paroles oubliées de Socrate et de Jésus de Nazereth !

On m’apprendra de même à signer des papiers où il est question de dignité et de générosité. Ce sont là de dangereuses balançoires, Tournemine… et on te le fera bien voir.

Grands Dieux ! sommes-nous plus méchants que bêtes ? Sommes-nous plus bêtes que méchants ? Comme nous sommes durs les uns pour les autres !