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Ah ! si on le savait ! Je vois d’ici les philosophes de profession hocher leur lourde tête et sourire de pitié.

Je puis bien prendre le temps de sourire aussi. Pense-petit ! Je le crois bien ! mais où sont donc les pense-grand ? À moins qu’ils ne soient chez les fous, ils ne sont nulle part. Il n’est peut-être pas, dans l’histoire de l’humanité, un philosophe qui ait émis une seule idée véritablement inaccessible à l’intelligence moyenne de son temps. Ceux de notre siècle ne sont pas plus forts que les autres. Ils se chamaillent dans le brouillard avec de grands gestes solennels, mais ne nous frappons pas ! ces chevaliers de haute lice combattent avec des brins de jonc.

Les mortels sont égaux, disait l’autre, c’est la seule vertu qui fait la différence. La vertu elle-même ne fait pas une très grosse « différence ». Il n’y a, entre nous, que des nuances que nous exagérons à plaisir, comme nous exagérons toutes nos petites affaires.

Mais si l’on m’entendait ! Si l’on m’entendait ! Fermons vite cette parenthèse et revenons à nos petites préoccupations, à nos méchantes broutilles d’idées…

La liberté, si elle existe, ne peut pratiquement s’exercer que dans un cercle étroit ou plutôt dans une série de cercles concentriques. J’ai toujours jugé inopérante et quelque peu naïve cette vieille