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c’est vous qui en êtes l’auteur responsable. Ceux que vous avez entraînés sont coupables, certes, et nous ne l’oublierons point… Mais vous, monsieur l’instituteur adjoint de Lurgé…

Il parle, il parle…

Les quinze lignes d’Évrard sont proprement le catéchisme de l’anarchie. Elles insultent l’Administration, les chefs qui tiennent leur autorité de la nation souveraine ; elles insultent le ministre, la République, la société tout entière. Si elles n’insultent pas le Bon Dieu, c’est que nous sommes laïques.

Est-ce possible ! Je lis à la dérobée. Il n’y a rien de tout cela. Texte en main, je crois pouvoir me défendre.

— J’en demande bien pardon à monsieur l’Inspecteur, mais, à moins de donner aux mots un sens nouveau et inattendu, il est impossible de voir dans ces quelques phrases, autre chose qu’une protestation contre un geste qui manquait tout à fait de générosité et, à mon avis, de dignité.

Mais j’aggrave mon cas, car « la dignité d’un fonctionnaire est dans la discipline ».

— Nous demanderons contre vous la peine du déplacement d’office.

Le déplacement d’office ! Je ne veux pas de cela ! D’ailleurs, c’est illégal ; eussé-je tort, il n’y a pas, en l’occurrence, « nécessité de service ». Je protesterai de toutes mes forces.