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— Croyez bien, monsieur l’Inspecteur, que, si je demande un poste en Tunisie, ce n’est pas par dépit ; ce n’est pas par haine de l’administration métropolitaine dont j’ai, au contraire, apprécié la bienveillance… et ce n’est pas non plus par haine de l’école de Lurgé où j’ai de gentils élèves, dociles et affectueux…

— Votre demande ?… oui… je l’ai transmise. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. J’ai malheureusement à vous entretenir d’incidents regrettables et qui ne laissent pas d’avoir une certaine gravité.

Oh ! oh ! mon sourire jaunit et s’achève en grimace.

— Monsieur l’Inspecteur, je fouille en vain ma conscience… Sur l’honneur, je ne vois pas…

Il ne m’écoute pas ; il me tend un papier sale.

— Reconnaissez-vous ceci ?

Non pas, tout d’abord ; mais je vois mon nom, mon parafe. « Ceci », c’est la feuille de protestation d’Évrard que j’ai signée l’autre jour, sans la lire, et que d’autres, une cinquantaine d’autres, ont signée aussi, docilement.

— C’est bien votre nom qui se trouve en tête de cette colonne ?

— Je ne saurais le nier.

(Mon nom n’est pas le premier ; nous avons signé Évrard et moi, sur la même ligne. Mais je n’ai garde de chicaner là-dessus.)

— C’est donc vous qui avez rédigé ce manifeste ;