des morveuses. Mariée, dans l’impossibilité de se déplacer, et par conséquent, de se faire apprécier comme suppléante, elle peut attendre de longues années.
Ah ! si j’étais bien en cour ! Mais je ne connais personne ; je sais à peine le nom de notre député… et avec mon sale caractère orgueilleux, je crèverais de faim plutôt que de mendier un os.
Non ; Josette ne sera pas institutrice avant quatre, cinq, peut-être dix ans. D’ici là… D’ici là il ne faudra pas faire fi des petits moyens.
Une seule chose pourrait arranger tout : s’expatrier. Je l’insinue timidement. Josette ne se récrie pas comme je m’y attendais. Nous n’irions pas au bout du monde ; nous planterions notre tente, là, à côté, en Tunisie. C’est un pays salubre et qui a bien des avantages : traitement assez élevé, longs congés, voyage de vacances payé tous les deux ans…
— Que diriez-vous, mon amie, si nous allions passer là-bas cinq ou six années de jeunesse ?
— Je pense que notre bonheur nous suivrait.
— J’avais déjà songé à cela, mais je n’osais pas vous en parler. J’ai un ami là-bas ; il m’a envoyé des renseignements tout à fait favorables. Il paraît que les demandes sont assez nombreuses ; je vais déposer la mienne tout de suite. Elle visera naturellement un poste vacant à la fin de cette année. Car je ne veux pas partir sans vous !