Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sit à son tour, cérémonieuse, le visage fermé. Je ne me sentais pas en verve. Je hasardai de pauvres généralités et elle me répondit dans la même langue tout en prenant des poses avantageuses, de ces poses que je croyais jadis naturelles et qui ont été étudiées longuement, devant une glace.

Enfin, je me décidai.

— Je vous remercie, dis-je, et je remercie M. Olivet d’avoir bien voulu m’accorder cet entretien.

— Mon mari n’a pas encore lu votre lettre, monsieur ; il est absent.

— Ah ! je venais cependant avec l’espoir de le rencontrer.

— Il ne rentrera que ce soir, assez tard… Lorsque mon mari n’est pas ici je m’occupe de son courrier ; j’ai cru devoir répondre tout de suite à votre lettre.

— Je vous en sais gré, madame ; mais…

— D’ailleurs, je suis au courant de toutes ses affaires. Vous pouvez parler librement… d’autant plus que je suis seule ici.

Brr !

Elle se lève. Je croise vivement les jambes et j’accroche à mon genou mes mains nouées. Mais elle passe nonchalamment à côté de moi et va à la fenêtre où elle tire les rideaux.

— Je suis seule à la maison pour un bon moment.

Debout maintenant, devant moi, elle me brûle de ses insolentes prunelles. Je la sens décidée à jouer son va-tout. De la façon dont je suis assis