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Nous nous marierons, disais-je tout à l’heure, vers Pâques et il me faudra un peu d’argent pour cette occasion.

Or, j’ai quatre cents francs à recevoir d’ici là ; je m’arrangerai pour vivre avec deux cents. Pas de tabac, pas de boissons fermentées ; eau, pain, fromage ; c’est un régime très sain. D’ailleurs supposons que je sois berger dans la montagne…

S’il vient des temps durs, j’ai cent kilos de charbon ; je possède aussi un litre de pétrole et six demi-bougies qui me restent du 14 juillet. Pas de frais généraux.

Ça ira ! D’autant mieux que je vais revendre ma bécane à Bijard, du moins la partie de ma bécane qui m’appartient. Je n’ai plus besoin de voiture, j’ai ma belle à portée de la main.

Après notre mariage surgiront de nouvelles difficultés. Mais nous serons deux pour chercher un biais. D’ailleurs, j’aurai, d’ici là, trouvé un travail extra-scolaire. Les petites annonces des journaux ne sont pas faites pour les chiens. J’ai une belle main ; je noircirai du papier pour le notaire, je tiendrai une comptabilité, j’écrirai des adresses, je barbouillerai des cartes postales… que sais-je ? Il est impossible que je ne déniche pas quelque chose.

Je demanderai d’ailleurs à partir de Lurgé où il est impossible de se débrouiller. J’ai de la poigne ; j’obtiendrai un poste en ville, un de ces postes terribles que personne ne veut occuper. Que diable ! la