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le Conseil départemental il est acquitté ; mais le ministre passe outre : l’instituteur est révoqué.

Libre, il dit toute sa pensée et l’affaire fait quelque bruit.

Alors, chez nous, une demi-douzaine de larbins se mettent en tête de faire proclamer par leurs collègues que ce pauvre diable est lourd de toutes les iniquités de l’époque.

La jolie bande ! N’empêche que la foule suit, docile ou indifférente. Tout le monde, véritablement tout le monde signe. Que le ministre frappe donc : il aurait bien tort de se gêner !

— Eh bien ! persistes-tu à vouloir signer ? demanda Évrard lorsque j’eus fini de lire.

— Non, je ne suis pas un lécheur.

— Bon ! Alors que faisons-nous de ce papier ?

— Jette-moi cette saleté au feu.

— J’ai une autre idée. Nous allons rédiger une protestation que nous collerons au dos de la feuille et qui voyagera avec elle.

— Si cela t’amuse, rédige.

— Tu m’aides.

— Ça non ! écris, toi ; je signerai après.

— Maurice, intervint Mme Évrard, qu’est-ce que c’est que ce micmac ? Tu vas encore te créer des ennuis par ta faute.

— Vois, me dit doucement mon camarade, vois, mon vieux, comme je suis méconnu. Au moment où je travaille à mon avancement, mon épouse crie