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ce qu’il faut pour réussir et je n’aurai pas le temps de plaindre le gendre de M. Olivet.

— On vous a entortillé ! opina dans son coin la grand’mère aux mâchoires abruptes.

Sous cette attaque directe je sentis que j’allais me cabrer, mais Mme Évrard ne m’en laissa pas le temps.

— Josette est un parti détestable. Ici, personne ne l’ignore. D’abord, elle ne sait rien faire. Elle est instruite, d’accord ! mais est-ce une ménagère ? Experte en broderies, en dentelles, en chiffons, serait-elle capable de faire seulement une soupe aux choux ?

Maurice, impassible, répéta :

— Est-elle capable de faire une soupe aux choux ? Tout est là !

— Les demoiselles élevées de la sorte ne pensent qu’à la toilette et aux romans. Pourtant celle-ci devra s’y mettre, au travail ; il faudra bien qu’elle s’y mette, accentua-t-elle, menaçante ; étant donné ce qui l’attend…

— Ô travail ! sainte loi du monde ! marmottait Maurice.

Je me taisais, je me tassais, en garde, en boule, attendant un coup, un sale coup, rapide et cruel.

— Elle n’a pas le sou ! déclara-t-elle.

— Le pensez-vous ? fis-je, sans émoi, car je comptais sur autre chose.

— Si je le pense ! Mais tout le monde ici en est