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gères ; ce journal en fait foi. Ma triste et brutale aventure du mois de juillet n’est pas dans la ligne de ma conduite ; c’est un oubli.

Aujourd’hui, enfin, je ne saurais aimer que Josette. Je suis arrivé au dernier terme de mon évolution sentimentale. Mon amour est viril ; il est tonifiant comme le vent du large ; il ne s’y mêle aucune pestilence.

Je n’arrive plus à comprendre mes turpitudes d’antan. Je les juge sans indulgence ; elles me semblent quelque chose d’anormal, de monstrueux. Comment ai-je pu être aussi brutal, aussi grossier, aussi terrestre ? J’ai honte du moi d’autrefois.

Et, puisque j’en suis à cet examen, c’est le moment d’avouer l’ennui que je ressens en songeant au serment que j’ai confié à ce journal, à mon grand serment de ne jamais me marier.

À n’en pas douter, je fus à un moment de ma vie un égoïste parfait doublé d’un sombre crétin. Qu’il existe par le monde beaucoup d’individus semblables, voilà ce qui justifierait tout pessimisme et toute désespérance.

Ne pas aimer, ne pas me sacrifier, ne pas me marier en un mot, mais je préférerais, oui, je crois sincèrement que je préférerais mourir.


21 janvier. — J’ai retrouvé cette nuit une vieille connaissance. J’ai rencontré ce gaillard qui, jadis,