— Seriez-vous jaloux ?
— Je ne l’ai jamais été jusqu’à ce jour, n’ayant jamais aimé, mais je suis en train de le devenir. Et je serai cruel comme un barbon… Tremblez, madame !
— Êtes-vous Gascon ?
— Je suis un lourd Poitevin ; on est ce qu’on peut. Ainsi je voudrais être spirituel, mais je ne peux pas, ce soir moins que jamais. Je vous aime ; je vous aime avec toutes les forces et tous les espoirs de ma jeunesse… et je tremble. L’idée vous est-elle jamais venue que vous pourriez m’aimer tout de bon ? Josette, Josette, m’avez-vous jamais dit que vous m’aimiez ?
Elle lève vers moi des yeux dont l’eau sombre est agitée d’un remous profond.
— Mon amie, mon amie, m’avez-vous jamais dit que vous m’aimiez ?
— Est-il bien nécessaire maintenant de vous le dire ?
— Ne vaut-il pas mieux — laissez-moi achever votre pensée — ne vaut-il pas mieux, l’aumône faite, refermer tout doucement la porte ?
— Oh ! ne dites pas cela ! moi… oui… je vous aime… Je ne vous oublierai jamais.
— Merci ! Mme Olivet vient vers nous : dansons. Nous dansons je ne sais quoi, tremblants tous les deux. Ma tête chavire ; Josette me regarde avec des yeux très larges, grave comme si elle allait pleurer.