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poitrine trop haute, le frôlement de sa hanche voluptueuse. S’il me fallait la reconduire seule chez elle, je craindrais une attaque brusque et silencieuse au coin d’une rue. Je me vois petite fille entraînée par un satyre au fond d’un cul-de-sac…

J’exagère sans doute un peu ; je grossis légèrement les traits pour y voir clair, mais je ne les déforme pas. Peur, répulsion, c’est bien cela. Je la laisse pour l’instant absolument tranquille ; dans la lutte que je crois inévitable, je veux la voir venir. Mais je ne voudrais pas que Josette reçût les coups et elle est tout à fait bien placée pour cela. Je sens qu’elle n’aime pas sa marâtre, mais j’ignore où en sont exactement les hostilités ; Josette ne veut rien dire.

M. Tournemine est hors d’haleine, observe Bijard.

— Monsieur Bijard, j’aurai votre dernier souffle ; je vous défie !

Je reviens à ma belle et je l’emporte en une valse rapide. Et puis je ne l’abandonne plus. Foin des fatigantes chimères ! Nous nous aimons, rien ne nous séparera cette nuit !…

Nous nous trouvons un peu isolés dans le fond de la salle près de notre « scène ». J’ai peu à peu approché ma chaise et je chuchote.

— Me permettez-vous maintenant de vous garder pour moi seul ? Dites-moi que vous ne danserez plus avec ces jeunes gens.