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Vaillant, j’en attaque une, j’en attaque deux ; je les secoue successivement au rythme d’une polka, puis je les abandonne. Cette fois, elles vont partir… Mais non ! elles vont s’asseoir dans un coin et demeurent, tassées, tristes, muettes, sans corrélation, inexplicables à l’égal d’une paire de versets de l’Apocalypse.

Mme Olivet darde sur moi son magnétisme haineux : veut-elle m’endormir ?

Elle ne danse plus. Elle a eu tout à l’heure un colloque avec Josette. J’en devine le sujet : elle a voulu partir, mais la petite n’a pas cédé. Mme Michaud s’est approchée et j’ai compris à ses gestes qu’elle sermonnait Mme Olivet.

La plus élémentaire prudence me commanderait de faire des grâces à cette opulente belle-mère ; mais je n’en suis pas capable. Je ne le ferais pas pour une chambre à coucher Louis XV en bois des Îles.

J’éprouve à l’endroit de cette femme des sentiments nouveaux et assez confus. Je crois que j’ai peur d’elle. J’ai peur de sa haine ; je redoute des menées sournoises contre moi et surtout contre Josette.

J’ai peut-être, plus encore, peur de son amour, peur de ses lèvres crues, de ses dents fortes et aiguës. S’il me fallait absolument l’inviter à danser, je craindrais le contact de sa main solide à large paume, le poids de son bras trop musclé et de sa