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M. Godard abandonne enfin, suant, défait, piteux.

Nous nous arrêtons aussi. Thérèse, griffes rentrées, cueille Josette au passage. De sa patte de velours elle prend une violette dans les cheveux aimés et la passe à ma boutonnière. Cette fille fantasque est assez drôle.

Le bal continue. Nous dansons en sauvages. Josette ne veut pas que je revienne toujours à elle. Elle m’a dit :

— Revenez cependant quelquefois.

Je reviens souvent. Entre temps je promène une dame âgée qui me connaît, mais que je ne connais pas. Puis, Thérèse m’invite à valser parce que, dit-elle, « je danse très fort et je serre ma cavalière. »

— Vous vous trompez, je ne serre pas du tout ; vous avez une langue très mauvaise.

— Je le sais, mais j’ai de bons yeux. Ainsi, tenez ! la voilà, Josette, et je vois que ce petit monsieur la regarde, hum ! Mais dites donc, vous, c’est qu’il la serre, lui aussi !

Le petit monsieur est Mitron jeune. Il a une bonne tête, ce garçon ; je ne suis pas jaloux.

Mitron aîné ne danse plus. Il comptait être le lion ici et ce n’est pas du tout ça. Aussi il rage à froid et se condamne à des conversations utiles avec Mme Godard et d’autres dames huppées qu’il a connues du temps où il était à Lurgé.

Au fait, je me demande ce qu’elles peuvent bien faire ici à pareille heure, ces anciennes.