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pouvant rien près des très jeunes, il essaye de se rattraper avec cette femme qui a des restes importants.

Elle, absente, l’entraîne vers nous et nous regarde avec des yeux meurtriers.

Fuyons I Mais le couple est dans notre sillage et le vieux nous défie.

— Place ! place ! remuez-vous les gosses… vous ferai voir, moi, que nous valons encore mieux que vous.

— Parions, monsieur Godard !

— Tout ce que vous voudrez !

Il se vante, il se vante beaucoup. Si nous voulons, Josette et moi, personne ici n’est capable de nous suivre. Mon amie est d’une légèreté admirable et j’ai des jarrets durs et secs de sauteur. Aucun heurt, aucun faux mouvement ; nous sommes un même corps qui glisse sans apparence d’effort.

— Plus vite, monsieur Bijard !

— Plus vite ! clame M. Godard, pesant bolide. Josette a raison : ce n’est plus une danse, c’est une terrible gymnastique. Mes acteurs s’en donnent à cœur joie, mais ils sont mastocs et les couples ne s’accordent pas. Les gens sages se sont prudemment retirés. Seul de son âge, M. Godard entraîne Mme Olivet, ou plutôt non ! c’est elle qui l’entraîne à notre poursuite, c’est elle, la tête hautaine, l’œil fixe, les lèvres cruelles.

Oh ! tu peux courir !