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sens ivre. J’aperçois dans vos cheveux une violette détachée, je vais la cueillir avec mes lèvres…

— Oh ! ne faites pas cela !

À ce moment, Bijard ôte sa grande pipe et crie :

— Galop ! Tout le monde !

Tout le monde, c’est beaucoup exiger. Les vieux se retirent ; je voudrais bien voir Mitron voltiger avec Mme Godard !

Pour nous, c’est le bon moment. J’attire à moi Josette ; elle-même assure sa main sur mon épaule, se blottit davantage. Nous glissons, rapides, entre les couples clairsemés. La porte, que quelqu’un vient d’ouvrir, amène une bouffée fraîche et des scintillements d’étoiles.

— Mon amie, tenez-vous près de moi ; nous allons prendre un grand élan, et, arrivés à la porte, nous plongerons dans la nuit profonde et discrète.

Son beau rire sonne, mais en sourdine, pour moi seul.

— Ne dites pas de folies… surtout n’en faites pas. Nous allons trop vite… vraiment je ne peux pas suivre.

— Alors, laissez-vous porter.

— Chut ! prenez garde.

J’entends derrière nous un souffle fort, puis j’aperçois M. Godard. Il serre Mme Olivet d’un peu près sur son ventre en pointe. Rouge, en sueur, il a cependant assez d’haleine pour lui conter des gaillardises à l’oreille. Il ne manque pas d’allure. Ne