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les bons yeux mobiles où passent les ombres de la terreur, les rayons de l’enthousiasme et, aux monologues de Chariot, des flambées de grosse rigolade !

Seule, au premier rang, une figure figée avec des yeux braqués et durs : Mme Olivet.

La représentation terminée, nous avons rangé les bancs le long des murs et en avant la musique !

Bijard, clarinette, et deux fifres inconnus annoncent :

— Polka pour tout le monde ! Tout le monde !

Une foule piétine. M. Godard emporte Mme Olivet ; Mitron aîné, diplomate, traîne précautionneusement la vieille Mme Godard. Mes acteurs dansent en costumes ; Thérèse, espionne, est en fausse grand’mère, mais, de même que mes officiers ont abandonné leur latte, elle a jeté son bonnet par-dessus la tête de son cavalier, un receveur buraliste qui se nomme Moulin. Mitron jeune, sans cavalière, tourne avec sa contre-basse.

Moi, j’ai enlevé Josette dès les premières notes. Je l’emporte, blottie contre mon épaule, si légère et si souple que je la sens à peine. Thérèse passe avec son marchand de tabac et nous bouscule ; ses yeux de vice pétillent.

Nous recherchons la cohue des danseurs maladroits, les endroits où l’on se serre l’un contre l’autre. Les doigts de Josette répondent aux miens et ses cheveux frôlent ma joue.

— Josette, Josette, vos yeux me fascinent, je me