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une robe élégante dégageant le cou ; elle avait des violettes dans les cheveux et ses yeux étaient espiègles.

Par une fente du paravent nous regardions, tête contre tête, l’assistance naïve et nous nous amusions de ces bonnes faces attentives, de ces bouches ouvertes, de ces larges mains levées pour applaudir.

Cependant nous ne pouvions parler que très bas. Josette disait ;

— Pourquoi êtes-vous ici ? votre place est de l’autre côté, avec vos actrices.

— Mais elles se déshabillent, voyons !

— Eh bien ! il fallait vous cacher dans le fond de la scène, derrière un fauteuil. Savez-vous que vous me compromettez ?

J’approchai mes lèvres de son oreille qui me tentait, petite et nacrée sous les cheveux fins, mais elle m’échappa d’une parade mutine et son doigt se trouva, je ne sais comment, sur ma bouche.

— Taisez-vous ! ce n’est pas à moi qu’il faut souffler. Écoutez donc M. Charlot qui s’empêtre. Aidez-le… vous lui devez bien cela.

— Peut-être ! mais j’ai votre bras, je le garde. Je le veux mordre… je soufflerai si je le puis…

Pauvre Charlot ! Heureusement, il n’a pas eu le trac ; s’il a changé quelques mots, personne n’y a rien vu, et moi moins que tout autre. Ah ! le bon public facile à échauffer et franc du collier, applaudissant à se rompre les paumes ! Ah !