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pendant que cette rosse de Skulda pique la crise sacrée, histoire de ricaner :

— Mon petit greluchon, ça n’ira pas : je vois l’eau répandue…

Ou de gémir, imitant à s’y méprendre la voix de notre Savoyard national :

— Vous n’auriez rien pour vous couvrir !

J’ai fait partie de toutes les expéditions arctiques et même antarctiques, des vraies comme des fausses, de celles conduites par des demi-savants voisins de l’ébullition comme de celles inventées par de frileuses moitiés d’écrivains. Oh ! ce pôle ! Quand j’en reviens, je suis froid comme un phoque confit, et mes pieds, au sortir des toiles, mes pauvres pieds blafards, rappellent les pieds d’un noyé qui aurait longtemps roulé à travers les ombres étendues, là-bas, quelque part vers la mer Blanche.

Heureux ceux qui peuvent se coucher sur le flanc en chien de fusil !

Il est vrai que mon lit a, par compensation, quelques avantages. Ainsi, je n’aurai jamais de varices, c’est connu. D’autre part, je puis, sans me lever, déjeuner et faire ma toilette. Je n’avais jamais su, jusqu’à ce jour, lire dans mon lit ; je le fais maintenant. Je puis même écrire à condition de me couvrir un peu les épaules. C’est à quoi je suis occupé en ce moment. Par chance, mes pieds sont chauds comme deux petites alouettes. Je ne gagnerais rien à me lever. Je n’ai plus de bois ; si je faisais brûler