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— En effet, vous n’en jouez pas trop mal.

— Qui vous l’a dit ?

— Je vous ai entendu jeudi matin et ce matin encore…

— Mais je ne suis pas seul à me servir d’une trompe.

— Je vous ai vu.

— Merci ! je vous aime. Moi, hier, je vous ai entendue rire chez votre cousine et mon cœur a bourdonné comme une joyeuse ruche.

— N’exagérez point !

— Je vous adore ! donnez-moi vos yeux.

— Oui, mais prenez garde…

— Je vous aime. N’ayez aucune crainte ! je vous parle du bout des lèvres en souriant ; personne ne se douterait que j’émiette mon cœur et que je vous en jette les morceaux. Vous riez ! Suis-je assez précieux, dites ! Si j’en avais le temps, il me plairait, ce soir, nouer pour vous au fil bleu de ma tendresse toutes les fleurs de la rhétorique amoureuse, les fleurs excessives, les fleurs aux carnations tragiques et les fleurs anciennes, les fleurs pâlies, les fleurs mièvres et désuètes… Je suis bête… Ayez la bonté de ne pas vous en apercevoir… Votre amour rajeunit tout ; votre amour est doux comme le miel et parfumé comme les premières framboises. C’est cela ; plaquez un accord. Je vous aime ! Je veux vous le dire à toutes les notes. Et vous avez combien d’octaves ?