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équipés en dépit du bon sens ; mon général a l’air d’un réserviste et mes capitaines sont des bleus.

— Messieurs, l’arme à gauche et suspendue ; vous avez un crochet, c’est pour vous en servir ; une épée n’est pas un parapluie.

De tous ceux qui sont ici, je suis le seul ayant servi, car Mitron a été, je crois, réformé. Sous-officier, officier de réserve en cas de besoin, je connais le fourbi dans les coins. Cela ne diminue pas mon importance aux yeux de ces femmes et de ces gosses.

— Le képi droit, messieurs, et un peu chiffonné…

— Et pis, la musette du sergent est à l’envers.

Tiens ! c’est M. le Maire qui vient de remarquer ça. Lui aussi est un vieux guerrier. N’importe ! ce n’est pas un rival redoutable.

— En effet ! et voyez, monsieur le Maire, comme ce garçon est tiré. Quand vous serez au régiment, monsieur Forestier, vous ne sortirez pas de la caserne attifé comme ça. Débouclez votre ceinturon !

D’un coup de genou, je creuse les reins de Charlot ; en même temps, je tire sa capote et je fais deux gros plis raides et corrects.

M. le Maire, intéressé, s’est approché pour me voir faire.

— D’mon temps, on s’y prenait point de même… c’était ben plus difficile.

Naturellement ! Il a fait sept ans et cinq garnisons. Il a été comme moi à Bourges ; nous avons