Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mitron a compté une mesure pour rien. Les voilà partis.

Dans notre coin nous écoutons respectueusement. M. le Maire tire sur la fumée ; à chaque aspiration la peau de ses joues s’enfonce profondément entre ses mâchoires ébréchées. Il ôte sa pipe et tend le cou ; il va cracher. Mais il hésite, regarde autour de lui craintivement ; il se retourne enfin et crache dans le coin, derrière son tabouret.

Il n’avait pas prévu cet embarras. Autant ne pas fumer. Il s’essuie la bouche et remet sous sa blouse, dans la poche de son gilet, sa pipe, chaude comme un petit oiseau.

Je l’abandonne.

Joséphine chante. Je passe en revue ma troupe qui attend bien sagement dans le fond de la salle.

— Monsieur Forestier, pourquoi avez-vous ôté les bougies du piano ?

— Je n’ai rien ôté du tout ; pourquoi m’accusez-vous ?

— Je suis sûr que c’est vous.

— C’est vous, plutôt ! je ne m’occupe pas des pianistes, moi !

Touché ! cela se voit donc bien ! Je m’efforce de ne pas marquer le coup.

— En tous les cas, pas de blagues ce soir, je vous en prie. Que dirait-on par la ville ?

Joséphine a fini triste, triste. C’est notre tour. Nous ne sommes pas prêts. Ces nigauds se sont