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Le voilà en confiance. Je ne suis pas imposant, moi ; je lui sers d’appui.

Mitron jeune vient déposer sa contrebasse à côté de nous. M. le Maire s’ébahit devant ce meuble.

— Fi de la mère ! En v’là un violon ! D’mon temps, avec un machin comme ça, j’aurais pas été en peine de faire danser une noce de deux cents personnes.

— Vous jouez du violon, monsieur le Maire ?

— Ben sûr ! d’mon temps j’en craignais point.

— Vous devriez jouer demain ; si nous avions su…

— Ben honnête ! je joue pas la note, je joue de routine. Vous, monsieur Tournemine, avez-vous point une musique ?

— Moi, je sais jouer des castagnettes ; mais je les ai laissées chez ma mère.

— Ah !

Cependant les musiciens sont en place, le bec prêt, les mains prêtes. Josette, devant son piano, attend le signal de Mitron aîné qui est chef d’orchestre.

Nous ne nous sommes pas parlé ; je n’ai même pas pu l’approcher encore ; mais, lorsqu’elle est entrée, ses beaux yeux ont cherché les miens.

Je dérange bruyamment un banc ; elle tourne la tête. C’est moi, oui, c’est moi ; je voulais tes yeux, mon amie. Maintenant ton âme est avec la mienne ; je vais t’écouter sans être jaloux de ces musiciens.