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— Qui vous dit que nous ne le sommes pas ? Courons ! Un… deux… trois !

Téméraire, je saisis le bras de Mme Olivet et je l’entraîne. Elle ne résiste pas, la vieille toquée ! Josette, d’abord indécise, grande fille, s’est élancée à son tour ; elle nous dépasse ; son rire, étouffé par sa fourrure, s’enfuit.

J’abandonne l’autre et, en dix enjambées, je la rejoins. Mon bras autour de sa taille, j’accélère sa course.

— Mademoiselle Josette, ne nous arrêtons pas chez vous… Je vous emporte pour moi seul, dans un pays secret, au bout du monde.


Si tu veux, faisons un rêve :
Montons sur deux palefrois ;
Tu m’emmènes, je t’enlève ;
L’oiseau chante dans les bois.


Je l’emporte maintenant tout de bon ; je sens sur ma joue le frôlement de ses cheveux. Nous sommes devant la grille de sa maison ; il y a là un gros arbre qui s’avance sur la route ; je m’arrête derrière, dans la nuit propice. Josette, toute frémissante de la course, est encore sur mon bras. Elle se cache la figure, mais mes lèvres, entre ses doigts, trouvent ses lèvres.

Elle m’a rendu mon baiser…

Elle m’aime ! Josette m’aime ! Mon bonheur est merveilleux !