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trouva la pièce charmante, les chansons délicieuses : quant à ma troupe, elle est sans rivale. Allons, tant mieux !

Au moment de partir, j’offris à ces dames de les reconduire ; Mme Olivet accepta ; elle est peureuse, dit-elle, et craint de traverser le bourg endormi.

Nous partîmes. Il faisait froid ; c’était une belle nuit d’hiver, scintillante et violette. Nous allions bon train ; Mme Olivet, trop emmitouflée, s’essoufflait à parler ; elle entr’ouvrit son manteau.

— Vous allez tout de même un peu vite, jeunes gens, avoua-t-elle.

— Eh bien, ralentissons ! dis-je. C’est que j’ai l’habitude de marcher à grands pas. D’ailleurs ce temps sec et clair allège ; ne trouvez-vous pas, mesdames, que ce vent pique la gorge comme un petit vin blanc ?

— Moi, répondit Josette, j’aimerais courir ; il me semble que je ne me fatiguerais pas.

— Vous vous vantez, mademoiselle. Je parie que vous ne sauriez seulement courir jusqu’à votre demeure, à cent cinquante mètres d’ici.

— Oh ! je parierais bien.

— Eh bien ! courons ! madame, courons ! voulez-vous ?

— Oh monsieur ! comme vous êtes jeune ! minauda Mme Olivet. Si l’on nous voyait, on nous croirait fous.