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cou et je l’ai sentie dressée devant moi, les lèvres hautes et quêteuses. Je lui ai mis un baiser au front et je me suis dégagé avec une douceur ferme en murmurant :

— Là I là ! Tout beau, ma chère enfant !

Cela, sans le moindre frisson dans les moelles. Je suis passablement fort. Je ne crains pas le diable.

Sévère pour moi, je suis plein d’indulgence pour les autres. Lorsque, dans les ténèbres, je dis d’une voix attristée :

— Encore ! monsieur Forestier, vous n’êtes guère raisonnable !

Chacun sait ce que cela signifie :

— Dépêchez-vous, les enfants : le temps perdu ne se rattrape pas.

Je mets longtemps à chercher mes allumettes et, quand je les ai enfin trouvées, je frotte à l’envers. Je laisse le temps immoral nécessaire. Je le laisse juste, car il faut de la mesure en tout et de la discrétion.

Oui, voilà ce que j’ai été avec ces jeunes gens.

Mais il y a eu un autre homme en moi ; il y a eu un amoureux, un ensorcelé, un fou.

J’ai réussi à faire venir Josette aux répétitions ; nous l’avons eue deux fois.

Elle avait les couplets d’Évrard et les partitions depuis trois semaines. Jeudi dernier je me suis présenté chez elle pour avoir des nouvelles, car je ne