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Moi, pas du tout ! je ne donne pas dans leurs manières. Je parle du temps qui est brumeux et je les emmène petit à petit vers la mairie où je les livre à M. Michaud.

Le petit Forestier, Charlot, lâche à mi-voix, entre les deux tirades, le mot de la situation :

— Ce qu’ils fichent, ces deux ? Nous n’allons pas voir leurs vieilles, nous autres…

Ils ne sont pas revenus ; ils n’ont pas osé.

J’ai relégué de même M. Michaud dans sa mairie. Il nous le fallait, M. Michaud, mais à côté ; il doit être un peu là, un peu seulement ; il suffit qu’il soit dans le corps de bâtiment. Puisqu’il a beaucoup de travail en ce moment, qu’il en profite : qu’il copie sa liste électorale et dresse ses statistiques.

Non, jamais ces demoiselles ne retrouveront un organisateur aussi attentif à satisfaire leurs petits désirs sournois.

Qui n’eût, à ma place, sacrifié les Forestier ? Mme Michaud ne voulait pas les voir ; M. Michaud lui-même m’avait juré que jamais Charlot ne saurait un rôle, fût-il de quinze lignes.

Malgré cela, j’ai gardé le frère et la sœur. Je me moque bien, nous nous moquons bien des rôles et de la représentation ! Il ne s’agit pas d’avoir de bons artistes, mais de joyeux artistes. Sous ce rapport les Forestier sont la fine fleur de ma troupe.

Thérèse est une comédienne exécrable, j’en conviens. Elle se trémousse trop ; elle déclame en dépit