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importance ; c’est même, pour moi et pour les artistes, la seule chose qui compte. Si, plus tard, la jeunesse de Lurgé se décide à donner une nouvelle Hampe mystérieuse ce sera assurément histoire de répéter.

Mais trouvera-t-elle encore, cette belle jeunesse, un autre Tournemine pour écarter les indiscrets et les fâcheux et pour la protéger — ceci n’a pas moins d’importance — contre les tuteurs hypocrites, les vieux amateurs rancis gourmands de fruits verts ?

J’ai réussi à mettre tout ce monde à la porte ; cela n’a pas été sans difficultés, mais enfin j’y suis arrivé par cautèle ou boutades de haute humeur.

Tout d’abord j’ai trouvé d’excellentes raisons — tirées de l’acoustique — de nous réunir dans une salle attenant à la mairie, une grande salle éloignée de la rue avec des fenêtres élevées.

Mais là, nous avions les mères, les voisines, les marraines.

J’ai dit le premier soir à Anna Guitter qui s’embrouillait :

— Remettez-vous, mademoiselle ; tout ce monde vous intimide, n’est-ce pas ?

Le lendemain, Mme Guitter n’est pas revenue, ni Mme Cailleton, ni plusieurs autres. Mme Michaud et Mme Godard ont été, par contre, très difficiles à éliminer ; nous y sommes néanmoins parvenus.

Un soir, c’est M. Godard et le notaire qui sont