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Je suis un buveur qui s’arrête, visité par une lueur de raison, mais dont l’ivresse redevient aussitôt souveraine.

Ricaneur ! oh Ricaneur ! réveille-toi, mon ami ; tu n’as jamais eu la partie plus belle…

Voyons, je suis, moi, Maximin, garçon sensé. Voici mon fourneau, voici mon cube, ma table, ma paillasse éventrée. Voici une lettre de maman : douze lignes d’écriture tremblée, par quoi je suis invité à prendre mes premières chaussettes et mon tricot neuf, « car j’ai bien peur que tu sois malade, car tu n’écris jamais. Tu dois pourtant avoir le temps ».

Ma bonne maman, je t’écrirai aujourd’hui. Si tu savais combien j’ai été occupé ces jours derniers, tu me pardonnerais mon silence. Moi, je ne me le pardonne pas : on a toujours le temps d’écrire à sa mère.

Oui, le jeune homme que l’on a vu courir tous les soirs chez M. Michaud, chez M. Olivet, chez M. Godard, chez M. le maire, c’est moi, Maximin Tournemine. Répétitions, visites, démarches, sollicitations ont pris tout mon temps. J’ai été, je suis encore, le jeune homme occupé de Lurgé.

Je ne m’en plains pas. Si l’on voulait m’écouter, la représentation qui doit avoir lieu dimanche serait repoussée fort loin. Et si, cette semaine, nous avons eu répétition tous les soirs, c’est que je l’ai voulu ainsi. La répétition est une chose de première