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pis ! Je lâche mon ami pour ma dame ; c’est la première fois que pareille chose m’arrive. L’ami, d’ailleurs, m’est revenu. Soit qu’il ait deviné la vraie raison de ma conduite, soit que sa femme m’ait traité devant lui comme la dernière des canailles et qu’il ait vivement, d’instinct, adopté l’opinion opposée, il ne m’a pas gardé rancune.

Il m’a posé, l’autre matin, cette question bourrue :

— Eh bien ! quel four leur chauffes-tu ?

— Je ne sais pas, ai-je répondu, humble. Aide-moi donc un peu, mon vieux Maurice.

— T’aider ! moi ! Tu n’es pas fou ?

— Aide-moi ! qu’est-ce que cela te fait ? Je ne m’en vanterai pas… Il me faudrait une pièce historique, militaire… un petit machin vertueux, finissant bien…

— Un petit machin vertueux, militaire… Va donc, imbécile, hypocrite !

— Huit personnages, pas de servantes ; trois actes en vers…

— Tais-toi ! c’est honteux à force d’être bête ; c’est déshonorant pour la corporation.

— Ne te frappe donc pas ! Je disais huit personnages environ ; il faut aussi des couplets, — Bon Dieu ! j’allais l’oublier, — des couplets faciles.

Il m’a tourné le dos et s’en est allé, les épaules hautes. Mais pendant la récréation suivante, il est