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Il ne s’agit pas des autres, il s’agit de moi. Pour mon plaisir, j’écris ma confession journalière… et sincère, puisque, aussi bien, il n’y aurait pas moyen de tricher.

Cependant, il se peut que je ne confesse pas tout.

Si je voulais chercher dans mon adolescence je trouverais quelques gestes affreusement maladroits, quelques pensées d’une stupidité effarante. Je ne chercherai pas, certes ! ces souvenirs sont trop déprimants. Ces gestes maladroits m’humilient, à mes propres yeux, autant peut-être que de franches canailleries » Si j’en commets encore de tels — et il est, hélas ! dans ma destinée d’en commettre — je ne les noterai pas ici. Je les oublierai, je mettrai le pied dessus, je les enfouirai comme charognes.

Il n’y a pas, dit-on, de témoignage absolument conforme à la vérité ; à plus forte raison une confession n’est-elle jamais rigoureusement, durement totale et sincère. Nous avons beau secouer au soleil le sac aux péchés, il ne se vide jamais complètement.

Toutes les consciences sont à double fond.

1er  mai, — Le préfet a eu une fameuse idée en me nommant instituteur adjoint à Lurgé à la fin d’avril. Je l’en remercie. Je remercie aussi l’inspecteur d’Académie d’avoir enfin pensé à moi. Il était temps.

Arrivé du régiment au mois d’octobre, je suis