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niste un effort considérable : elle accompagnerait simplement quelques couplets.

— C’est encore bien au-dessus de mon talent, monsieur ! Voici bientôt cinq ans que je n’ai pas fait de musique.

Quoi ? qu’est-ce qu’elle chante ?

— D’ailleurs, je n’ai jamais été qu’une pauvre pianiste. Je m’amuse moi-même, mais je n’amuserais guère les autres.

Eh bien ! Elle est bonne ! Mes yeux se sont ouverts, grands comme des tasses. J’ai la présence d’esprit de les fermer. Mais voici qu’une énorme envie de rire monte en moi ; je la refoule, j’appuie dessus, mais elle m’échappe, remonte, surnage.

— Vous riez, monsieur.

— Hélas ! je me dépêche de rire pour ne pas être obligé de pleurer. J’ai perdu mon pari ; j’avais parié avec M. Michaud que vous accepteriez. J’ai perdu !

Cela l’afflige ; elle est capable maintenant de revenir sur ses paroles. Barrons la route.

— J’ai donc perdu ! Soit ! Je dirai à ces messieurs qu’il ne faut pas compter sur vous. Mais cela n’avance pas nos affaires. Il nous faut une pianiste ; il y en a deux dans cette maison ; nous avions pensé qu’à défaut de l’une, nous aurions l’autre. Je voudrais savoir si Mlle Olivet remplirait la tâche que vous ne voulez pas, — je comprends très bien cela, en somme — que vous ne pouvez pas accepter.