Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle est partie j’ai serré ses doigts fins et doux longtemps.

Aujourd’hui, elle était avec Dédé quand je suis arrivé. Je lui ai tendu la main. Je le ferai désormais toujours ; c’est une bonne habitude à prendre : une poignée de main est presque une caresse. Je lui ai donc serré la main, mais sans insister, pensant :

— J’ai du temps devant moi ; et il faut varier.

Hélas ! J’ai causé avec elle une grande demi-heure ; j’ai parlé sur des sujets qui étaient à cent lieues de ma pensée.

À la fin seulement comme il était question de notre fameuse représentation théâtrale, j’ai risqué :

— Vous en serez, mademoiselle ? Vous êtes, paraît-il, une excellente musicienne. Vous ne pourrez pas dire non : vous êtes la seule pianiste possible.

Elle a fait une petite moue qui signifie qu’elle n’est pas absolument libre.

— D’abord, a-t-elle dit, il n’est pas vrai que je sois une bonne pianiste. Et puis… et puis… Enfin on fera mieux de ne pas compter sur moi.

— Tant pis !

J’étais debout près de la porte du corridor ; Dédé regardait par la fenêtre. Je me suis penché vers elle.

— Tant pis ! ai-je répété tout bas ; si vous n’en êtes pas je n’en suis pas non plus… sans vous, mademoiselle Josette, je ne me mêle pas de cette affaire.