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Nous avons été collègues et une camaraderie un peu distante existe encore entre nous.

Si j’ai besoin d’un réconfort discret je le trouverai chez elle : c’est une alliée.

Moi, de mon côté, je ne la confondrai pas avec les bourgeoises d’humble intellectualité ; je lui ferai une place à part dans mon estime.

C’est très gentil, ça.

Elle était assez cérémonieusement vêtue. Il n’y a, ici, que cinq ou six dames qui sortent ainsi harnachées de pied en cap en toute occasion. Je songeais à la classer parmi cette élite lorsqu’elle me dit :

— Je fais quelques visites ce soir. J’ai vu Mme Michaud et je vais de ce pas chez Mme Godard, peut-être chez Mme Évrard.

Ma pensée, rapide, me pousse une question au bout de la langue :

— Et ne viendrez-vous pas chez moi ?

Heureusement, je la ravale. Pas assez vite cependant, puisque sous la voilette, au fond des yeux noirs, apparaît une lueur de moquerie indulgente. Mais non, je n’ai rien vu ; j’ai eu peur de voir… À moins que je ne l’aie souhaité ? Non encore ! ces choses sont mortes. Rien ne saurait les faire revivre en moi.

Elle a été très bien : voilà la vérité toute nue.

Elle s’est informée de mes vacances. Je lui ai donné des renseignements sur ma mère, sur mes