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nons bien de l’embarras dans un recoin obscur de notre « maison éternelle ».

Nous périrons tous et nos fils périront et notre maison éternelle s’écroulera aussi.

Rien ne compte ; les meilleurs sont égaux aux pires.

Nous vivons menu, menu ; nos haines sont insignifiantes, nos amours sont des étincelles.

Mon amour, mon amour est tout petit. J’aurai beau souffler sur la flamme sacrée, elle sera éteinte à la fin de ce siècle.

Dans cent ans je serai mort, Josette sera morte, tous ceux qui s’agitent autour de nous seront morts. Nous aurons tous franchi le seuil formidable, nous serons tous dans la grande paix du tombeau…

Ah ! ces mots eux-mêmes, comme ils sont lourds d’orgueil ridicule !

Dans cent ans, moi, Josette et les autres, nous pourrirons, nous pourrirons très bien.

27 octobre. — Je viens de rencontrer Mme Olivet dans la rue. Je ne l’avais ni cherchée ni suivie. Nous nous sommes trouvés nez à nez au coin de chez Bijard ; elle est venue à moi la main tendue et nous avons traversé la place de compagnie.

J’aime mieux que ce soit fait qu’à faire.

Pourtant Mme Olivet a été charmante.

Elle a tout oublié ; je ne me souviens de rien.