Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il m’arrive de vivre un conte de fées naïf et charmant…

Parfois j’imagine un roman moins bleu où j’évolue entre Josette et sa belle-mère. Le dénouement en est variable selon mon humeur. Josette et moi, nous sommes toujours semblables à nous-mêmes comme les héros d’une bonne tragédie classique. Pour Mme Olivet, ce n’est plus ça : elle est tantôt maternelle, tantôt bonne à tuer. C’est elle le personnage pittoresque qui brouille l’intrigue. C’est l’inconnue de mes données, l’X aux jambages solides et charnus.

22 octobre. — Ce soir, dérangeant par hasard mon cube de philosophie, j’ai découvert sur mon buffet des animaux blafards à pattes nombreuses que j’appelle cloportes. Je ne soutiendrais pas avec la dernière énergie qu’ils méritent ce nom, mais je les baptise ainsi pour ma commodité.

Ils étaient là toute une famille, sous deux kilogs bon poids, d’orgueilleuse sottise humaine.

Ma grande main, brutale comme la main d’un dieu, les a jetés à terre et ma semelle les a écrasés.

Et maintenant, s’il en reste un, il se dit peut-être, — car il n’est pas certain que la folie raisonneuse soit le privilège des hommes — il se dit peut-être dans son âme de cloporte :

— Voici que les miens sont morts, tous, bons et