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— Je peux pas, tout de même ! il en faut d’autres !

— C’est cela, sortons en chercher.

Nous voilà dans le beau jardin sur la fine pelouse. Les marrons luisent dans l’herbe ; nous les ramassons sans nous presser. Le chapeau de Dédé est plein ; j’ai une idée.

— Va demander à ta maman une aiguille et du fil.

Le gamin court à la maison. Je l’entends qui parlemente puis, fort de mon autorité, ordonne, tempête. Enfin le voici ; Mme Bérion et sa cousine le suivent portant le fil et l’aiguille. Ah ! Ah ! Ici, en plein air, en présence de la patronne, je ne connais plus l’angoisse stupide qui me paralysait tout à l’heure. J’ai ma revanche à prendre.

Mme Bérion :

— Que veut dire le petit ? Il vous faut du fil, monsieur Tournemine ?

— Oui, madame, du fil et une solide aiguille ; nous sommes ici, nous deux, pour enfiler des marrons.

— Voulez-vous un dé ?

— Merci, je ne m’en sers jamais.

— Cousez-vous beaucoup, monsieur Tournemine ?

— Beaucoup ! dans mon ménage je fais tout moi-même.

Ici, le rire de Josette, frais comme la rosée.